La Vache de l'Orphelin
dès 3ans, tout public
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L'Histoire
Au pays de Ouarzazate, un petit garçon qui a perdu ses parents, est recueilli par une tante qui lui fait subir les pires traitements. La haine semble n'avoir pas prise sur cet enfant rempli de douceur et d'innocence. Il chante d'une voix magique qui le protège. Une vache entend son chant et vient à son secours. Elle lui révèle d'autres chants qui font grandir et redonne confiance. Le spectacle explore avec humour les facettes d'une violence presque ordinaire. L'enfant apprend à lutter avec ses propres armes : la musique et le jeu. Il affronte ses peurs pour devenir l'ami d'un monstre et remporte une gourde remplie d'or. Derrière chaque personnage se cache une vérité qui défie l'apparence. C'est l'adulte incapable de grandir, l'enfant presque homme, le puissant qui se révèle faible et le pauvre qui devient riche... Dans l'espace initiatique, réalités se déforment et logiques s'inversent. L'enfant est souvent le plus habile décrypteur des messages du conte. L'histoire plonge tout parent et tout enfant au coeur de sa propre histoire.
Fiche pédagogique
Le conte délivre un message aux enfants comme aux adultes. Il met en scène simultanément deux expériences intérieures : celle de l'enfant et celle du parent et pointe les enjeux fondamentaux de la relation mère/fils.
Figures maternelles et construction de l'identité enfantine
Ce n'est que chargé du soutien de l'amour de ses parents que l'enfant parvient à grandir et à se socialiser. Cette histoire met en évidence la dépendance affective d'un enfant à l'égard de sa mère. Elle interpelle les adultes contre les répercussions chez l'enfant de leurs comportements négatifs.
La Tante démolit les repères de l'enfant
En l'absence des parents, la tante doit accomplir leurs tâches. Chacun de ses actes devient un acte à l'envers. Au lieu de donner à manger, elle prive de nourriture, au lieu de protéger, elle maltraite, au lieu d'encourager, elle injurie... La tante incarne le personnage type de l'adulte narcissique qui n'a pas réussi à grandir et qui place son intérêt personnel avant celui de l'enfant. Son désir est de nature mimétique. Tout ce que Médi obtient, elle le convoite : nourriture de la vache, gourdes du monstre. Le moteur de ses actes est la jalousie. En vendant la vache, la tante agit contre le bien commun en dehors de tout bon sens. «Une maison sans lait est une maison vide !» selon un proverbe kabyle.
La Vache rebâtit la confiance
La vache remplit les fonctions de mère en lui offrant nourriture et affection. Par son chant, elle rappelle l'enfant à la voix de sa mère disparue qui lui chantait des berceuses pour l'endormir. Premières perceptions auditives de l'enfant qui s'éveille à la vie. Elle redonne à Médi l'image de sa mère qui à force d'absence devenait presque irréelle : « Ta mère est belle comme le clair de lune, douce comme un pétale de rose... » Elle s'en fait témoin et porte-parole. Son rôle est de redonner à l'enfant tout ce que la tante lui a pris : amour, protection, confiance... La vache est symbole de fécondité et d'abondance. À ses côtés, Médi est assuré de ne jamais manquer de rien.
Deux personnages en Un
Il existe deux niveaux d'interprétation du personnage de la tante. Elle est une méchante femme qui maltraite les enfants physiquement et/ou psychologiquement. C'est aussi la vraie mère qui au moment de refuser à l'enfant ce qu'il envie, prend pour l'enfant le visage de la cruelle marâtre. A ce niveau d'interprétation, le duel tante/vache apparaît comme une construction mentale de l'enfant qui éprouve le besoin de scinder en deux l'image de l'adulte. Pour garder intact l'image positive de la mère douce et aimante, il se construit un deuxième personnage sous les traits de l'horrible tante. La tante reste un personnage ambigu. C'est elle qui envoie Médi chez le monstre qui lui permettra de réaliser son initiation. Bien qu'elle soit ressentie comme une persécution, son action se révèle donc positive. C'est grâce à la confiance transmise par la vache que Médi peut s'engager sur le chemin initiatique.
Voyage dans la maison d'un monstre et réalisation d'une déstinée exemplaire
Les épreuves initiatiques
Le monstre Moumoune Bâba est le gardien d'un trésor à dimension spirituelle. Les gourdes chargées d'or et de bijoux symbolisent les richesses intérieures de l'être qui passe de l'état d'enfant à celui d'homme ou femme. Devenir un adulte responsable au sein du groupe est la plus immense des fortunes. La connaissance est une richesse plus puissante que les biens matériels. Le monstre aux apparences difformes et effrayantes est en réalité un initiateur, pas aussi méchant qu'il n'en a l'air. Il se montre bénéfique à celui qui sait faire ses preuves. Il cherche à provoquer l'effort du héros et lui permettre de dominer sa peur. Grâce à ses instruments de musique, l'initiateur est un magicien. Son tambour fait entrer dans le monde de l'invisible. Il est capable de traduire par des sons la réalité de chaque être. En frappant des rythmes, le monstre fait résonner son message d'initiateur et surgir la réponse de l'initié. Celui qui passe l'épreuve doit reconnaître les bonnes notes de musique qui conduisent au chemin au bout duquel il faut distinguer la bonne de la fausse gourde.
Le triomphe du courage
Le destin n'est pas une fatalité. Seul le comportement positif de Médi face aux épreuves lui permet de réussir. Le courage qu'il manifeste est associé à une série de qualités plus précieuses les unes que les autres : patience, volonté, sens de l'écoute et du respect... La tante, envieuse des richesses de Médi, se montre incapable de suivre les conseils du Monstre. Elle n'arrive pas à distinguer l'important du superflu. Elle fait le choix de la grande gourde contre la petite alors que c'est la petite qui renferme le trésor. En refusant d'accepter le processus naturel de la vie et d'endosser le rôle de parent, elle se condamne elle-même à vivre hors de la société. Le conte pose le problème fondamental de la succession des générations et les conflits qu'elle engendre. Ce conte rassure l'enfant et lui montre que malgré les difficultés, il y a toujours un moyen d'en sortir.